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Les réflexions de Djidda

Les perspectives des élections en Afrique en 2016

26 Janvier 2016 , Rédigé par Les réflexions de Djidda

1- République Démocratique du Congo

En vertu de la constitution en vigueur, le Président Joseph Kabila arrive à la fin de son deuxième et dernier mandat en 2016. Mais, son gouvernement a adopté en mai 2015 un projet de loi afin de réviser la Constitution dans la perspective des élections à venir. Selon le gouvernement, il s’agit d’une modification technique destinée notamment à faire des économies sur l’organisation des scrutins. Cependant, les partis de l’opposition craignent que le président Joseph Kabila ne cherche après coup, à se maintenir après la fin de son mandat.

En effet, la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat à la tête du pays, où le Président Joseph Kabila, devrait quitter le pouvoir fin décembre 2016. Rappelons qu’en septembre 2015, la Cour constitutionnelle a invalidé les échéances du calendrier électoral. Depuis, l’incertitude règne sur la tenue des élections.

2- Tchad

Le Président Idriss Deby au pouvoir depuis 1990 fera tout pour briguer un quatrième mandat à la tête du pays. contre une opposition désunie pour l’instant. Ces derniers appellent à l’ouverture d’un dialogue politique avec le gouvernement actuel sur la tenue des élections, tout en pointant les nombreuses irrégularités dans le processus électoral comme le recensement biométrique. Un dispositif censé permettre le bon déroulement du scrutin, dans un système politique gangréné par la fraude.

D’autant plus, qu’après 25 ans au pouvoir, le Président tchadien aura fort à faire, vu la conjoncture économique actuelle, en raison de la chute des prix du pétrole qui contribuent à plus de 60% des recettes de l’Etat. La menace terroriste liée aux activités du groupe Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ex Boko Haram) dans le bassin du Lac Tchad, le chaos libyen au nord, les incertitudes de la transition en Centrafrique et la situation au Darfour.

3- Congo

L’élection présidentielle au Congo a été avancée au premier trimestre 2016, alors que le Président Denis Sassou Nguesso, au pouvoir entre 1979 à 1992 et depuis 1997, vient de modifier la constitution pour conserver le pouvoir. Ceci, malgré les manifestations importantes de septembre 2015, qui avaient rassemblé plus de 30.000 personnes dans les rues de Brazzaville afin de protester contre le projet de refonte de la Constitution, permettant notamment à Denis Sassou Nguesso de faire sauter les derniers obstacles à sa potentielle réélection, face à une opposition encore trop morcelée. Ces tensions sociopolitiques s’inscrivent dans un climat économique morose causé par la baisse des prix du pétrole, qui permettaient au gouvernement d’apaiser les tensions. Dans cette optique, les élections à venir seront suivit de près par la communauté internationale, qui reproche au Président Sassou, la modification de la loi fondamentale pour se maintenir au pouvoir.

4- Gabon

En août 2016, le président Ali Bongo se présentera pour son second mandat. Il comptera notamment sur l’appareil du Parti Démocratique Gabonais-PDG, légué par son père Omar Bongo après 41 années à la tête du pays, pour être réélu. Face à une opposition marquée par la disparition de ces figures historique, Pierre Mamboundou et André Mba Obame. Mais, elle pourra comptée sur l’arrivée de Jean Ping, ancien président de la commission de l’Union africaine.

De ce fait, Ali Bongo reste pour le moment le grand favori du scrutin. Même si, l’opposition essaye de cristalliser les tensions sociales sur la mauvaise gouvernance et la gestion de revenus pétrolier, impactés par la chute du prix de cette matière sur les marchés mondiaux. Si elle y parvient, le Président Ali Bongo aura plus de difficultés pour l’emporter sur ces adversaires politiques.

5- Guinée Equatoriale

La réélection prochaine ne devrait être qu’une simple formalité pour le Président Teodoro Obiang NGuema, au pouvoir en Guinée-Equatoriale depuis 36 ans. Il est le doyen des chefs d’Etat du continent africain, et compte bien par ce scrutin à venir prolonger on maintien au pouvoir. Cela implique par conséquent la tenue d'élections libres et transparentes et la nécessite, de garantir la sécurité de tous les acteurs politiques. Car, signalons que dans ce pays, il n’y a qu’un seul député d’opposition à l’Assemblée nationale.

Cependant, en faisant un bilan de l’état de la démocratie dans ce pays, nous constatons que le régime est encore totalement inflexible et ne répond pas aux appels de l’opposition démocratique, afin qu'un véritable processus de transition démocratique soit ouvert, permettant de trouver des solutions aux graves problèmes sociopolitiques et économiques que connaît le pays. Surtout dans un pays dépendant à plus de 90% des recettes pétrolières, alors que le prix de cette ressource est en forte baisse sur les marchés mondiaux ; ayant une grande partie de sa population jeune et avec un taux élevé de chômage.

6- Benin

Le scrutin présidentielle est fixé au 28 février prochain et marque une belle l’ancrage de la démocratie dans ce pays où le président sortant, Thomas Boni Yayi, ne se représentera pas. Mais l'atmosphère politique est déjà marquée par de fortes tensions à quelques jours des échéances électorales. Parmi les candidats en lice pour la magistrature suprême, deux candidats se distinguent des 48 autres en lice : Lionel Zinsou actuel premier ministre du pays, et l’homme d’affaire Patrice Talon.

Le premier à été nommé à la surprise générale à la tête du pays en juin dernier, est un banquier franco-béninois ayant fait l’essentiel de sa carrière en France, ne revendiquant aucune affiliation politique, il avait toujours affirmé ne pas être intéressé par le pouvoir, et son irruption dans la course à la présidence a provoqué des remous sur la scène politique locale. Le second est un homme d’affaires, soupçonné d’avoir commandité un assassinat contre le Président Boni Yayi en 2012 et d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat déjouée en février 2013.

7- Niger

L’élection présidentiel dans ce pays sera la première du long processus électorale de l’année avec la présidentielle prévue le 21 février et à laquelle se présente le président sortant Mahamadou Issoufou. Cependant, depuis quelques mois, le pays connaît une poussée de tensions illustrées par la détention de l’ancien président de l’Assemblée Nationale et l’un des principaux candidats au scrutin Hama Amadou, président du Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN/Luma FA) et la controverse autour du fichier électoral biométrique (FEB) dont l’audit en cours devrait être rendu public au courant de ce mois de janvier. Le climat sociopolitique du pays s’est détérioré avec l’annonce le 17 décembre 2015 de la découverte d’une tentative de coup d’Etat présumée dont l’un des cerveaux serait le général d’aviation Salou Souleymane, ancien chef d’état-major de l’armée. De même, que les attaques fréquentes de la secte islamiste Boko Haram dans la région du Lac-Tchad et les localités de Diffa, seront des sérieux risques pour le processus électoral.

8- Djibouti

Après les violences qui ont eu lieu dans la capitale du pays au moi de décembre 2015, la coalition d’opposition Union pour le Salut National (USN) à dénoncée une vague d’arrestations parmi ses membres. Le contexte politique se dégrade depuis plusieurs semaines et l'opposition dénonce le durcissement des autorités publiques à l'approche de la présidentielle d'avril 2016. Car, l'approche de la présidentielle d'avril prochain ravive les tensions, d'autant que sous prétexte de lutter contre le terrorisme, le gouvernement a instauré l'état d'urgence et interdit les manifestations ; tandis que, les responsables de l'opposition en exil tirent la sonnette d'alarme. Dans ces conditions, l’opposition menace donc de ne pas participer à la présidentielle de 2016, lasser de voir repousser le dialogue politique dans le cadre du processus démocratique promis par le président.

9- Zambie

Les prochaines élections présidentielles et législatives en Zambie ont été fixées au 11 août. L’actuel Président Edgar Lungu a été élu chef de l'Etat le 20 janvier 2015, suite au décès du président Michael Sata en octobre 2014 ; il achèvera le mandat de son prédécesseur qui devait terminer en septembre 2016. Pour cela, l’enjeu de la prochaine élection présidentielle sera portera sur le contexte économique du pays qui traverse une grave crise, où le kwacha la devise zambienne, a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar, en raison des baisses des prix du cuivre, qui représente 70% des exportations de la Zambie.

10- Ouganda

A environ un mois de l'élection présidentielle, la tension monte en Ouganda. Au pouvoir depuis 1986, le président Yoweri Mouseveni veut rempiler pour un nouveau mandat de cinq ans. Face à lui, son éternel oppoant Kizza Bisigye du Forum pour le Changement Démocratique (FDC). Les deux hommes s’opposeront pour la quatrième fois consécutive après les scrutins de 2001, 2006 et 2011. Le seul moyen d’entretenir le mince espoir de barrer la route à un président sortant qui s’est toujours imposé dès le premier tour, serait une candidature unique de l’opposition ; alors qu’ils sont huit prétendants à la magistrature suprême pour l’instant.

11- Comores

Le premier tour des élections est prévu le 21 février 2016, selon la règle constitutionnelle instaurée depuis 2001 d'une présidence tournante entre les trois îles de l'Union des Comores : Anjouan, Grande-Comores et Mohéli. Vingt-cinq candidats sur 28 postulants on été retenus pour participer à la prochaine élection présidentielle au Comores, a confirmé la Cour Constitutionnelle.

La candidature de l'ex-président Ahmed Abdallah Sambi originaire d'Anjouan, qui avait présidé les Comores de 2006 à 2011 au nom de son île, dont la candidature a été rejeté par la Cour Constitutionnelle, a crée une vive polémique dans le pays et fait planer des menaces sur le processus électorale. Ce qui a fait dire à Smail Chergui, commissaire Paix et Sécurité de l'Union africaine (UA) cité par le journal gouvernemental comorien Al-Watwan, que cette candidature pourrait « remettre en cause la stabilité du pays, durement acquise ».

12- Cap-Vert

2016 sera une grande année électorale où des législatives, municipales et présidentielle seront organisées sur cet archipel. Ce pays est en effet caractérisé par la qualité de son système démocratique qui a été mis en place en 1991 et qui s’est consolidé au fil des années. De même que les acquis du pays dans ses efforts de développement socioéconomique depuis le début des années 2000 sont largement reconnus sur la scène internationale. En dépit de sa vulnérabilité liée à l’isolement et à la fragmentation de son territoire, ainsi qu’à la taille réduite de sa population, à un climat sec sahélien et à la rareté des ressources naturelles, le Cap-Vert a enregistré l’une des performances socioéconomiques les plus impressionnantes sur le continent et a été reclassé en 2007 par le PNUD du groupe des pays les moins avancés (PMA) des Nations Unies à celui des pays à développement intermédiaire. Le pays se trouve à la croisée des chemins et éprouve des difficultés à mettre au point un modèle de croissance plus durable, sans dépendance à l’égard d’un secteur des services fortement axé sur le tourisme, du fait du ralentissement économique dan le monde.

13- Sao Tomé et Principe

Les élections présidentiels dans cet archipel d’Afrique centrale n’aura pas des conséquences importantes sur les institutions de ce pays. En effet, la fonction présidentielle est honorifique et sert d’arbitre dans le pays, où c’est le Premier Ministre qui détient les pouvoirs de l’Exécutif. L’actuel chef de l’Etat Manuel Pinto da Costa (79 ans), premier président après l'indépendance, est resté pendant les 15 années de régime de parti unique (1975-1991). Il s’est fait élire en 2011, 20 ans après avoir été chassé du pouvoir par un coup d’Etat et l’instauration du multipartisme, par la voie des urnes. Il aura la possibilité de se présenter à sa propre succession.

14- Ghana

Le Ghana sert de baromètre démocratique depuis les années 90 pour le reste des pays ouest-africains, car dans ce pays les élections présidentielles se font dans les normes institutionnelles acceptables. A cet effet, en décembre 2016, le Président actuel John Dramani Mahama sera encore opposé au candidat de l’opposition Nana Akufo-Addo, qu’il n’avait battu que de quelques points à l’élection de 2012. Ces élections s’annoncent serrée d’autant que les actions de l’actuel gouvernement sont critiquées, notamment à cause du déficit public qui se creuse et de la hausse du coût de la vie. Tout fois, le Président Mahama défend son bilan malgré une croissance économique ralentie par la baisse des investissements directs étrangers, un fort accroissement de la dette et une dépréciation de la monnaie ghanéenne, le Cedi. Mais la démocratie ghanéenne stable dans un contexte sous régional souvent turbulent, construit sa croissance sur l’exportation de cacao, l’or et le pétrole. Après un record de +14,0% en 2010, la croissance du PIB ghanéen est revenue à +4%.

15- Gambie

L’un des plus petit Etat anglophone d'Afrique de l'Ouest, enclavé dans le territoire du Sénégal hormis sa façade Atlantique, la Gambie est dirigée d'une main de fer par le Président Yahya Jammeh depuis 21 ans. Dans ce pays aucune opposition n’a droit de cité et face à cet état des faits, le seul candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles de décembre 2016 demande le placement de la prochaine présidentielle sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, afin de garantir un processus électoral équitable, crédible et transparent. Et c’est dans ce climat de peur et de harcèlement de l'opposition, dénoncé par des organisations internationales de défense des Droit de l’Homme, que se déroulera l'élection présidentielle.

16- Centrafrique

La sortie du pays de la longue et tumultueuse période de transition de la République Centrafricaine connaitra son épilogue à la fin de janvier 2016 à l’issu du deuxième tour des élections présidentielles, qui devront mettre fin à la crise ethno-religieuse dans le pays. Cependant, tout reste à faire, car les tensions entre les populations demeurent. La réorganisation et la professionnalisation de l’armée sera l’une de priorité du futur chef de l’état. De même que la relance de l’économie de ce pays sera le baromètre de la réussite du prochain gouvernement, car tout reste à faire.

Mahamat SAMBA TOURE

Doctorant en Droit Public et Sciences Politiques

Option : Droit International et Relations Internationales

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