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Les réflexions de Djidda

Nécessité de réforme des armées africaines

18 Septembre 2015 , Rédigé par Les réflexions de Djidda Publié dans #Politique et Relations Internationales

Résumé : Les forces armées doivent être absolument intégrées et engagées auprès des populations locales, disposées et à même d’apporter leur appui lorsque le besoin s’en fait sentir. Car, les populations doivent voir leur propre reflet dans les forces de sécurité, et les percevoir comme des alliées et une aide. Ceci exige un recrutement ciblé, un entraînement permettant aux troupes d’aider les habitants. De même, les notions de sacrifice, héroïsme, patriotisme familières à l'institution militaire résonnent comme des mots creux. Les chefs militaires doivent le plus souvent leurs promotions à des critères politiques ou personnels qu'à leur aptitude au combat. Aussi, les forces armées ne bénéficient pas ou pas souvent d'éducation civique et ne connaissent pas le Droit, les Droits de l'Homme ou le Droit Humanitaire en particulier, de sorte qu'elles ne connaissent ni leurs droits ni leurs devoirs ni ceux de la population

Mots clés : Coup d’Etat, Forces Armées, Insécurité, Population, Protection, Professionnalisme

L’une des raisons de l’insécurité en Afrique est l’effondrement des systèmes de gouvernance, dû pour une large part au favoritisme et à l’utilisation abusive des instruments gouvernementaux de coercition afin d’ancrer l’exclusion politique et sociale. Tout en gardant une apparence de confiance et de stabilité, cette situation a abouti à la répression des populations assujetties au pouvoir des régimes autoritaires en place ; car l’objectif premier étant de préserver le régime plutôt que d’assurer la sécurité de l’Etat et de ses citoyens, qui entraine le déclenchement des conflits armés.

Le coup d’Etat militaire survenu en 2012 au Mali[1] a précipité le pays et la région du Sahel dans une grave crise politique et militaire. Il a suffi d’une poignée de sous-officiers et de soldats pour renverser le président élu et faire dérailler 21 ans de démocratisation et d’efforts d’établissement d’institutions militaires professionnelles. Outre la crise constitutionnelle qu’elle a déclenchée, la prise du pouvoir par les forces armées a mis en danger l’intégrité territoriale de l’Etat malien, a ouvert la porte aux islamistes radicaux de toute la région et exigé une intervention armée des forces françaises et africaines pour stabiliser la situation.

En effet, ce n’est pas que les Etats de sahélien manquent d’armées, bien au contraire ; on assiste depuis les indépendances à une militarisation croissante et désordonnée de la région dans des proportions sans commune mesure avec les enjeux de défense nationale. Cette inflation militaire ne trouve en définitive d’expression que dans des conflits internes et de ce fait, ces armées nationales deviennent des instruments de suprématie, de prestige ou de rente au profit d’une hiérarchie corrompue et parfois coupée des réalités des troupes. Et ces armées se mettent essentiellement à assurer la protection des clans au pouvoir et à sécuriser les sources de revenus de ces derniers, contribuant ainsi à l’instabilité générale des Etats sahéliens[2].

Signalons aussi que, avec des effectifs estimé à 16000 soldats en Mauritanie, 11200 au Burkina Faso, 8000 au Mali, 6000 au Niger et 30000 au Tchad ; les armées du Sahel restent en général de bas niveau (à l’exception de celle du Tchad) et face à des groupes criminels et djihadistes mobiles et aguerris possédant des relations avec les populations voire les autorités locales, elles n’ont peu de moyens de le vaincre.

A l’exception de quelques unités formées[3], les forces de sécurité sont bien souvent défaillantes. Les raisons sont diverses : encadrement de mauvaise qualité, matériel ancien et non entretenu, manque de motivation lié aux conditions de travail, méconnaissance du travail en condition nocturne, … Toutefois, derrière le problème des capacités (I), c’est aussi la volonté des dirigeants qui pose problème, renvoyant ainsi aux dérives des forces armées au Sahel dans leur mission de sécurisation de l’Etat (II).

I- Faiblesse des capacités opérationnelles

Au moment des indépendances (années 1960), les Etats africains procèdent à un double mimétisme : Etat colonial/Etat postcolonial et armée coloniale/armée nationale, conduisant et l'Etat et l'armée à l'échec en ne les instaurant pas sur les réalités historiques et sociales africaines. De nos jours, les Etats subsahariens, ayant subi pendant trente ans rivalités et pressions extérieures (Est/Ouest et Nord/Sud) et victimes de leurs propres contradictions internes, s'affaiblissent ou s'effondrent du fait des conflits internes persistants et des nouvelles menaces extérieures liée au terrorisme et à la criminalité internationale. Quant aux forces armées, elles se sont éloignées de leurs missions de défense et de sécurité et tombent en désuétude du fait de régimes politiques peu soucieux de développer de telle institution. Seules les troupes d'élite conservent leur rang et des aptitudes professionnelles[4].

En effet, le professionnalisme d’une force armée repose sur des systèmes de commandement et de contrôle efficaces ainsi que sur des aptitudes et des ressources appropriées pour permettre à l’armée de s’acquitter de ses missions[5]. Nombreuses sont cependant les forces armées africaines qui, en raison de la faiblesse de leurs capacités opérationnelles, ne sont pas en mesure de jouer ce rôle, ce qui remet en question leur pertinence même. La déroute des forces armées du Mali[6] face aux rebelles islamistes illustrent la faiblesse des capacités opérationnelles de nombreuses armées subsahariennes.

Puisque, la mission d’une armée est la protection ; elle doit mettre à l’abri le territoire national contre une attaque et protéger ses populations, de réduire la vulnérabilité des installations, des unités et de la population. Mais, la déliquescence forces armée de la région est le fruit de plusieurs années de mauvaise gouvernance, notamment des questions de défense et de sécurité. De nombreuses pratiques ont durablement miné l’appareil sécuritaire de ces forces, comme : les processus de recrutement basé sur le népotisme et le copinage, les mécanismes de promotion qui défient la logique du mérite et de la compétence, l’intégration dans l’armée d’anciens combattants (parfois d’anciens rebelles) sans programme de formation ni suivi, l’implication de la hiérarchie militaire dans les trafics en tout genre, y compris avec les groupes armés et terroristes…

Parmi les multiples raisons pouvant expliquer cette inefficacité, sont à retenir aussi les problèmes de déficiences dans la chaîne de commandement menant à l’indiscipline, insuffisance de la supervision des pratiques relatives aux achats, faiblesses de la gestion des ressources réduisant les capacités opérationnelles, baisse du moral, et mission désalignée ou obsolète.

A- Déficiences dans la chaîne de commandement

La présence d’une chaîne de commandement fonctionnelle est une condition préalable à laquelle doit satisfaire toute institution militaire. Elle reflète la qualité du leadership et de la discipline et promeut la responsabilité redditionnelle. Les rapports émanant des centres de recherche sur le continent africain brossent le tableau de forces armées ; où il y a très peu de rapports entre la politique militaire officielle et les actes des troupes aux niveaux subalternes[7].

Le fait que, plusieurs chefs d’Etat ont accédé au pouvoir par un coup d’Etat ou par rébellion. Ils savent que sans la fidélité des troupes d’élite, leurs pouvoirs peuvent vaciller. Ainsi, ils donnent beaucoup de moyens aux brigades de sécurité présidentielle et aux autres unités d’élite dont le commandement est confié aux proches du président. D’où, des armées commandées par les fils ou oncles des présidents ; et des unités d’élites souvent constituées par le même clan ou la même ethnie. Ce qui affaiblit l’armée car les autres ethnies se retrouvent dans des unités classiques et manquent de motivation. Ces autres unités sont souvent avec un armement rudimentaire pour ne pas pouvoir faire un coup d’État[8].

La pluralité des structures de commandement et de contrôle différentes et les rivalités entre les divers commandements entravent la capacité à combattre des soldats qui ne font pas toujours confiance à leurs commandants, et a conduit à des unités qui reçoivent des ordres contradictoires. Par ailleurs, il y a parfois très peu de loyauté ou d’esprit de corps entre les différents bataillons, ce qui est un élément clé de toute force combattante efficace.

Pour les groupes armés ou les trafiquants du Sahel, il est plus facile d’influencer les soldats en poste dans la région ceux-ci sont divisés. Certaines de ces personnes d’influence travaillent de connivence avec les commandants[9] pour contrôler des zones politiquement ou économiquement importantes, percevoir des impôts illégaux ou protéger certains groupes ethniques[10].

B- Manque de matériels

D’une manière générale, ces armées n’ont pas actualisé leurs méthodes de combat. Elles ont en plus conservé de vieux matériels de combat, souvent sans pièces de rechange. L’armée malienne disposait des chasseurs bombardiers Mig-21, d’hélicoptères Mi-24, redoutables en attaque au sol, des lance-roquettes multiples BM-21[11]. Ces armes manquaient soit des pièces, soit de munitions. Les armes les plus sophistiquées sont inutilisables faute de budget. Et le plan d’ajustement structurel des années 1980, a fini par cassé non seulement le secteur social, mais aussi les armées des pays du Sahel. Par ces effets, plusieurs de ces armées ont abandonné les entraînements réguliers et comptent sur une intervention étrangère pour sauver leur pays.

Il est une autre manifestation visible des carences de la gouvernance des forces armées, au niveau des achats des fournitures et équipements des forces. Outre l'obsolescence des matériels (occasions, pièces de rechange indisponibles car plus fabriquées, manque d'entretien...), des choix contestables dans les politiques d'armement s'ajoutent souvent. Intermédiaires véreux, acquisitions suspectes dans de vieux stocks de l'ex-bloc soviétique, achats de prestige de matériels surdimensionnés..., les décisions sont prises en toute opacité, sans concertation avec des spécialistes civils ou militaires. Plusieurs armées alignent ainsi des équipements qui ne répondent pas aux besoins réels[12].

Ajoutons à ce constat le fait que les lignes de ravitaillement et d'approvisionnement entre le front et l'arrière sont loin d'être optimales. Car, la plupart des armées sahéliennes souffrent de graves carences en matière de logistique. Ainsi, le rapport entre les effectifs des unités combattantes et ceux des unités de soutien est insuffisant. En général, il est de trois combattants pour un homme de soutien ; alors que par exemple dans l'armée américaine, un combattant reçoit l'appui de cinq hommes. De ce fait, un bataillon de 600 soldats en première ligne ne sera soutenu que par 200 hommes, tandis qu'une unité américaine équivalente le sera par... 3 000 hommes ! Et un soutien de qualité, ce sont des blessés correctement pris en charge, un ravitaillement constant et suffisant, du matériel endommagé rapidement réparé...

Et la plupart des troupes se plaignent des conditions de vie peu dignes dans les casernes, des montants négligeables de la solde et de l’absence de possibilités d’avancement. Alors que, le budget des forces armées est mieux doté que celui de la plupart des autres services publics[13].

II- Les dérives des forces de défense et de sécurité

Les contestations politiques et les revendications économiques, sociales et culturelles dues à l’émergence de forces de la société davantage organisées en Afrique, soulignent l’illégitimité et l’inefficacité du monopole politico-étatique tel qu’il existe. Et la contradiction réside dans le fait que l’Etat de vient facteur d’insécurité ; alors que l’une de ses fonctions premières prévoyait précisément d‘assurer la défense extérieure et la sécurité intérieure. L’héritage historique ainsi que la nature des régimes politiques africains expliquent pour l’essentiel cette situation[14].

Dès lors, face aux besoins de sécurité des populations et de la lutte contre les mouvements djihadistes et les groupes armée, la question du monopole de la violence physique et de son évolution se pose. Vers quelle(s) forme(s) ce monopole se dirige-t-il et pour quelle finalité ? Vue, que le monopole de la violence soit un attribut classique de l’Etat, force est de constater que la violence des forces armées des pays du Sahel n’est ni légitime à usage interne car accomplie par des milices armées illégitime et parfois illégal, ni efficace à usage externe car frappée d’incapacité opérationnelle contre les groupes djihadistes dans la défense de l’intégrité territoriale.

A cet effet, la nature de la conflictualité prédominante au Sahel, amène à examiner les missions des forces de défense et de sécurité ; à savoir la protection des personnes et des biens, le bon fonctionnement des institutions et le respect de la loi sur l’ensemble du territoire.

Dans les faits cependant, les forces armées, obéissant au politique, s’illustrent souvent par leur caractère répressif à l’encontre des militants politiques et à la population. De plus, les forces armées interviennent fréquemment dans des situations de crise intérieure, sans pour autant avoir été formées et équipées pour de telles circonstances. S’écartant de sa mission classique qui consiste à garantir la souveraineté et à préserver l’intégrité du territoire, l’armée insidieusement s’imposa comme instrument du pouvoir et s’impliqua ouvertement dans la politique.

A- Corruption au sommet de la chaîne de commandement

La corruption au sommet de la chaîne de commandement mine le moral des troupes et pousse celles-ci à y participer elles-mêmes ou à justifier les pratiques de corruption[15]. Dans les pays où la solde est fortement insuffisante et n’est pas versée régulièrement, les soldats sont tentés de recourir à l’extorsion d’argent ou de biens dans la population locale ou d’entreprendre des activités lucratives afin de survivre.

A cette fin, les cartels de la drogue ont infiltrés les armées des pays d’Afrique de l’Ouest et compromis d’autres manières l’intégrité de leurs dirigeants politiques et militaires. L’ancien chef d’État du Mali, Amadou Toumani Touré, a tenté d’exploiter les organisations criminelles organisées afin d’exercer une influence dans le nord du pays[16]. Des membres de l’armée malienne ont été mis à disposition des trafiquants pour les diriger temporairement. Des officiels maliens ont même parfois pris part directement à des affrontements entre différents gangs criminels[17].

En effet, de nombreuses pratiques ont profondément fragilisé l’appareil sécuritaire malien ces dernières années : « processus de recrutement basé sur le népotisme et le copinage, mécanismes de promotion qui défient la logique du mérite et de la compétence, intégration dans l’armée d’anciens combattants rebelles sans programme de formation ni suivi, implication de la hiérarchie militaire dans les trafics en tous genre, y compris avec les groupes armés et terroristes »[18]. Le ralliement au MNLA de plusieurs officiers de l’armée gouvernementale a été un événement symptomatique de la crise et du profond malaise que traversent les forces de défense et de sécurité maliennes. Le putsch militaire du 22 mars est une conséquence directe de l’état délétère dans lequel se trouvait l’armée malienne ; et a contribué à l’affaiblir et à la diviser davantage.

La coexistence entre les services de sécurité étatiques et les milices et groupes d’autodéfense communautaires constituent un trait singulier du système sécuritaire des Etats sahélien. Les prestataires de services de sécurité non étatiques répondent aux besoins des communautés que l’Etat n’est pas en mesure de satisfaire. Dans certaines parties du Sahel, des accords informels plus ou moins légitimés ont été passés avec les citoyens et les groupes désireux d’être protégé[19]. Par conséquent, les Etats ont perdu leur monopole d’usage de la force et sa légitimité en tant que pourvoyeur de sécurité. Cette singularité s’explique de plusieurs manières, notamment par les difficultés des Etats à apporter des réponses de fond à certaines situations d’exclusion sociale et politique, comme celle qui prévaut dans le Nord du Mali[20].

Mais d’une manière générale par l’incapacité apparente des institutions de sécurité étatiques à contrer la montée de la criminalité et de l’insécurité. Sans oublier, le manque de coordination et des contradictions récurrentes qui entravent le bon fonctionnement du secteur de la sécurité, et incapable d’assurer le contrôle de territoires souvent étendus, la rupture de l’esprit de corps et de la discipline, coupure entre militaires et officiers subalternes des officiers supérieurs, dans un contexte marqué par la corruption, appelle une reforme d’urgence de ce secteur vital à la survie des Etat de la région.

B- Prolifération des milices pro-gouvernementales

La dénaturation de la mission des armées des pays du Sahel a été largement exploitée par les régimes politiques en place. Qu’ils soient civils ou militaires, la plupart de ces régimes s’appuient sur des forces militarisées pour accéder et se maintenir au pouvoir ; où, tantôt l’armée devient un instrument du pouvoir, tantôt elle se voit remplacée par des forces concurrentes comme les forces paramilitaires, les milices ou encore la gardes présidentielles[21].

Ainsi utilisées, la gestion des forces armées placées sous l’autorité du pouvoir politique devient conflictuelle. Au regard de la société tout d’abord, qu’elles ne protègent pas et qu’elles agressent ; au regard d’elles-mêmes, puisque divisées, déséquilibrés, traitées différemment d’un corps à l’autre par le chef de 1’Etat soucieux de les contrôler[22].

En Afrique de l’Ouest, la pratique des gouvernements[23] de créer et d’armer des milices pour consolider leur prise de pouvoir ou pour contrer les groupes rebelles opérant à l’intérieur de leurs frontières est courante[24]. Les gouvernements de Côte d’Ivoire, de Gambie, de Guinée et du Liberia ont tous créé des groupes armés censés défendre le pouvoir en place. Ces milices pro-gouvernementales[25] sont impliquées dans des extorsions, des crimes et le harcèlement de civils mais bénéficient de l’impunité en raison de la relation qu’elles entretiennent avec le gouvernement.

La création des groupes armés par le gouvernement et le soutien qu’il leur apporte ne devrait pas être pris à la légère car ces groupes sont imprévisibles et peuvent rapidement devenir incontrôlables. Ils ont tendance à survivre à la période où ils étaient censés être politiquement utiles et se réinventent à mesure que les motivations apparaissent[26].

Synthèse

La majorité des forces armées africaines, est encore guidée par une doctrine fondée sur la défense de la Nation contre un ennemi étranger ; or, rares ont été les conflits interétatiques sur le continent, au cours des dernières décennies. Les litiges de ce genre survenus entre le Nigéria et le Cameroun, le Burkina Faso et le Mali ainsi que le Bénin et le Niger ont tous été résolus par l’entremise de Cour internationale de Justice de La Haye. Les menaces actuelles sont au contraire presque toutes de nature intra-étatiques.

Boko Haram et le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger défient les autorités nigérianes depuis 2009. Le gouvernement de l’Angola et celui du Sénégal luttent depuis des décennies pour vaincre les forces séparatistes des provinces de Cabinda et de la Casamance, respectivement. Les séparatistes touaregs, aidés par AQMI, le MUJAO et Ansar Eddine, ont tiré parti du flottement politique à Bamako pour s’assurer des avantages dans la lutte engagée pour contrôler le nord du Mali. Le chef de guerre ougandais Joseph Kony et ses forces irrégulières commettent des atrocités envers les populations ougandaises, congolaises et centrafricaines depuis plusieurs décennies, en dépit des efforts des armées nationales concernées. Le groupe extrémiste violent Al Shabaab continue de poser un risque pour la stabilité en Somalie[27].

Ces mouvements insurrectionnels intérieurs soulignent l’écart qui existe entre les mandats des forces armées et les menaces réelles pour la sécurité. Ainsi, dans certains pays, les éléments irréguliers qui s’opposent aux forces gouvernementales sont mieux équipés, plus mobiles et possèdent une meilleure connaissance du terrain que celles-ci[28]. Ces groupes armées irrégulières, qu’elles soient criminelles ou terroriste, ont une expérience considérable de la guerre d’embuscades, elles sont armées de fusils d’assaut, de lance-roquettes RPG-7 et de mitrailleuses lourdes. De plus, elles sont extrêmement mobiles dans leurs 4x4, équipées de GPS, de lunettes de vision nocturne et de téléphones par satellite[29]. Pour cela, les forces de sécurité doivent, en conséquence, devenir plus compétentes et plus professionnelles pour prendre le dessus.

Car, une lutte efficace contre le terrorisme ne peut se faire sans une professionnalisation et une restructuration des forces de défense et de sécurité ayant pour objectif de renforcer la capacité des services de sécurité à pourvoir à la sécurité de l’Etat comme de ses populations. Car, la réforme de l’appareil de défense constitue un enjeu central dans la capacité des armées africaines à assurer leurs missions.

Bibliographie

Alain CHOUET, « Qui veut faire du Sahel un nouvel Afghanistan ? », Revue Défense-Union IHEDN n°149, Paris, décembre 2010

Andrew LEBOVICH, “Mali’s Bad Trip: ‘Air Cocaine,’ Al-Qaeda, and West African Drug Trade,” Foreign Policy, March 15, 2013.

Dominique BANGOURA, « Etat et sécurité : des idéologies sécuritaires à l’insécurité ou l’incapacité de l’Etat à assurer ses fonctions de défense et de sécurité », Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne

Dominique BANGOURA, « Etat et sécurité en Afrique », Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris

Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Papier de recherche du Centre d’études stratégiques de l’Afrique n°6, CESA, Washington, D.C., juillet 2014

Gratien RUKINDIKIZA, « Réforme des forces de sécurité en Afrique », Revue Défense Nationale, Tribune n°438, novembre 2013

Helmoed HEITMAN, « Optimiser les structures des forces de sécurité africaine », CESA, Bulletin de la sécurité africaine n° 13, National Defense University Press, Washington DC, mai 2011

Laurent TOUCHARD, « Armées africaines : les sept péchés capitaux », http://www.democraciaycooperacion.net/IMG/pdf/AFRIQUE_ARMEES-1.pdf

Louisa N. LOMBARD, « Une menace constante : les groupes armées en Afrique de l’Ouest », Annuaire sur les armes légère n° 248, Small Arms Survey, 2006

Massaër DIALLO « Défis sécuritaires et hybridation des menaces dans la zone sahélo-saharienne », séminaire sur la sécurité au Sahel, Bruxelles, novembre 2010

Rapport : « Mali, éviter l’escalade », International Crisis Group, Rapport Afrique n° 189, 18 juillet 2012

Par : Mahamat Samba Touré

Doctorant en Droit Public et Sciences Politiques,

Université Mohammed V – Rabat

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales - Agdal

[1] La communauté internationale condamne le coup d'état au Mali, www.lemonde.fr, 22 mars 2012

[2] Alain CHOUET, « Qui veut faire du Sahel un nouvel Afghanistan ? », Revue Défense-Union IHEDN n°149, Paris, décembre 2010

[3] Dix pays africains du TSCTP (Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Nigeria, le Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie, Niger et le Sénégal) ainsi que les États-Unis et plusieurs pays européens (L’Espagne, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas ont apporté une assistance lors de l’exercice) ont ainsi participé, entre le 28 octobre et le 20 novembre 2008, à l’exercice Flintlock 2009, destiné à développer le partage de l’information dans la région du Sahara, à améliorer la coordination des efforts et l’interopérabilité entre les forces de sécurité et les services des pays participants, et à entraîner les unités militaires. Flintlock 2011, la dernière édition de cet exercice annuel initié en 2005, a été organisé par le Sénégal entre le 21 février et le 11 mars, avec près de 800 participants venant d’Amérique du Nord (Américains et Canadiens), d’Europe (Espagnols, Français, Néerlandais, Allemands) et d’Afrique (Burkinabais, Tchadiens, Maliens, Mauritaniens, Nigérians et Sénégalais).

[4] Dominique BANGOURA, « Etat et sécurité : des idéologies sécuritaires à l’insécurité ou l’incapacité de l’Etat à assurer ses fonctions de défense et de sécurité », Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne

[5] Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Papier de recherche du Centre d’études stratégiques de l’Afrique n°6, CESA, Washington, D.C., juillet 2014

[6] AFP, « Nord Mali: l'armée en déroute face aux rebelles touareg », www.lepoint.fr, 01 avril 2012

[7] Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Op.cit.

[8] Gratien RUKINDIKIZA, « Réforme des forces de sécurité en Afrique », Revue Défense Nationale, Tribune n°438, novembre 2013

[9] Les commandants de l’armée (et de la police) influents ou efficaces peuvent être transférés par leur hiérarchie dans des zones « rentables » où il existe davantage de possibilités d’imposer des impôts ou de percevoir un revenu. En revanche, s’ils ne sont pas suffisamment performants ou qu’ils ne payent pas leurs supérieurs comme ils sont tenus de le faire, ces commandants peuvent être transférés dans des zones dites « sèches » où il y a moins d’opportunités économiques.

[10] Les révélations faites à l’occasion du scandale du « Boeing Air Cocaïne » au Mali, ont montré les connivences existantes entre certains généraux de l’armée malienne, des trafiquants et des soldats en fonction au Nord-Mali.

[11] Gratien RUKINDIKIZA, « Réforme des forces de sécurité en Afrique », Op.cit.

[12] Laurent TOUCHARD, « Armées africaines : les sept péchés capitaux », http://www.democraciaycooperacion.net/IMG/pdf/AFRIQUE_ARMEES-1.pdf

[13] Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Op.cit.

[14] Dominique BANGOURA, « Etat et sécurité en Afrique », Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris

[15] Building Integrity and Countering Corruption in Defense & Security,” Transparency International, February 2011, In Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Op.cit.

[16] Wolfram LACHER, “Organized Crime and Conflict in the Sahel-Sahara Region”, The Carnegie Papers, Carnegie Endowment for International Peace, Washington DC, september 2012 In Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique »

[17] Andrew LEBOVICH, “Mali’s Bad Trip: ‘Air Cocaine,’ Al-Qaeda, and West African Drug Trade,” Foreign Policy, March 15, 2013.

[18] « Mali, éviter l’escalade », International Crisis Group, Rapport Afrique n° 189, 18 juillet 2012

[19] G.-F. DUMONT, « La géopolitique des populations du Sahel », Op.cit.

[20] Massaër DIALLO « Défis sécuritaires et hybridation des menaces dans la zone sahélo-saharienne », séminaire sur la sécurité au Sahel, Bruxelles, novembre 2010

[21] « Mali, Ces milices qui veulent en découdre avec les islamistes », Slate Afrique, 27 juillet 2012

[22] Ibid.

[23] Louisa N. LOMBARD, « Une menace constante : les groupes armées en Afrique de l’Ouest », Annuaire sur les armes légère n° 248, Small Arms Survey, 2006

[24] A. DIARRA, « Plongée dans la milice d’autodéfense Ganda Koy », Courrier International, 2 août 2012

[25] « Côte d'Ivoire : Remise symbolique d'armes par les milices et amorce du désarmement », Rapport de IRIN, 26 mai 2005, http://reliefweb.int/report/c%C3%B4te-divoire/c%C3%B4te-divoire-remise-symbolique-darmes-par-les-milices-et-amorce-du-d%C3%A9sarmement

[26] A. DIARRA, « Plongée dans la milice d’autodéfense Ganda Koy », Op.cit.

[27] Emile OUEDRAOGO, « Pour la professionnalisation des forces armées en Afrique », Op.cit.

[28] Ibid.

[29] Helmoed HEITMAN, « Optimiser les structures des forces de sécurité africaine », CESA, Bulletin de la sécurité africaine n° 13, National Defense University Press, Washington DC, mai 2011

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